La semaine de Paris+ est aussi celle des prix. Après l'annonce du prix Marcel Duchamp, attribué le 17 octobre à Mimosa Echard, est venue celle de la bourse Révélations Emerige, dont la lauréate est Dora Jeridi. Diplômée cette année des Beaux-Arts de Paris, elle a été choisie parmi 12 artistes sélectionnés par le curateur Gaël Charbau. Le prix est un tremplin pour mettre en contact la jeune scène française et les galeries parisiennes (dans le jury, la galerie mor charpentier proposera une exposition personnelle de l’artiste dotée de 15 000 euros), tandis que le Crédac à Ivry exposera un autre lauréat (à annoncer). La peinture de Dora Jeridi, à la fois figurative et attachée à défigurer images ou personnages, s’adosse à une histoire de l’art classique, influencée par le néo-expressionnisme allemand et les peintres de la Slade School londonienne comme Paula Rego. Pour donner une dimension narrative à cette « réalité en excès », Dora Jeridi emprunte autant à ses rêves qu’à des photos de famille ou des images de cinéma et d’Internet. Le prix spécial du jury a été attribué à Valentin Ranger qui, à travers dessins, films 3D et costumes en latex, explore un monde-opéra de nouvelles identités, traversé de mutations, infections et sexualités hybrides.
Le nouveau prix Carta Bianca (fondé par les collectionneurs Éric et Isabelle Pujade-Lauraine) cherche à créer un dialogue entre le monde de l’art et celui de la santé, devenu un sujet majeur pour de nombreux artistes. Le jury franco-italien a décerné le premier prix (50 000 euros) à Binta Diaw, artiste sénégalaise et italienne née en 1995, dont les installations proposent une éthique de la réparation des voix invisibilisées, remettant en question le point de vue eurocentré. S’inspirant du tressage des femmes africaines dans les plantations, employant la terre et des cheveux synthétiques, elle établit une pratique de « marronage », cherchant à échapper aux pouvoirs de domination. Les autres lauréats – qui reçoivent 4 000 euros chacun – sont Bianca Bondi, Stéphane Guiran, Elena Mazzi, Marzia Migliora, Myriam Mihindou, Giuseppe Stampone et Benoît Piéron. Ce dernier est aussi nommé pour le prix Ricard, qui est décerné le 20 octobre.
Le fonds de dotation Reiffers Art Initiatives, tourné vers le soutien à la jeune création, la diversité culturelle et l’inclusivité, expose son lauréat, qui bénéficie d'un mentorat auprès du peintre africain-américain Kehinde Wiley. Celui-ci a choisi le Franco-Sénégalais Alexandre Diop, né à Paris en 1995. D'abord installé à Berlin, où il devient complice de l’artiste sud-africain Robin Rhode, il s’est impliqué dans la scène underground, jouant dans des clubs, produisant des musiciens et organisant des expositions avec son collectif le Mouton Noir. Aujourd'hui établi à Vienne, en Autriche, il poursuit son travail de peinture et sculpture, employant des matériaux trouvés, dont des pièces de voitures ou des cordes, pour représenter les corps noirs et la fluidité androgyne.
Des partenariats avec Paris+
Par ailleurs Paris+ expose l'œuvre Blue green sea bruise on the horizon de Julien Creuzet, réalisée lors de son parcours BMW Art Journey. « Alors que mon séjour prévu en Martinique dans le cadre du prix a été coupé court en raison du Covid, je me suis rendu au siège et au musée de BMW à Munich, ainsi qu'à son usine à Düsseldorf, déclare l'artiste. C’était aussi un dépaysement, une confrontation à une autre forme de réalité, qui a donné lieu à des expérimentations intéressantes : j’ai par exemple dessiné des scarifications, héritage de la culture africaine, à l’aide de chaînes de soudure. »
De son côté le groupe Galeries Lafayette soutient un jeune artiste du secteur des galeries émergentes par un soutien à la production. « Il y a déjà beaucoup de prix d'art contemporain !, explique Guillaume Houzé, président de Lafayette Anticipations. Outre une rémunération de 4000 euros, il consiste en un dotation de 20 000 euros, qui lui permettra de produire une œuvre dans les ateliers de Lafayette Anticipations, où elle sera montrée l'année prochaine. » Le lauréat est Akeem Smith, de la galerie Heidi (Berlin), dont le travail porte sur l'élaboration de la mémoire collective.