Le Quotidien de l'Art

L'art spolié au cœur des recherches muséales

L'art spolié au cœur des recherches muséales
La collection Bührle à la Kunsthaus de Zürich.


© Franca Candrian, Kunsthaus Zürich.

Tandis que le Kunsthaus de Zurich entame des recherches sur les origines de la très controversée collection Bührle, la ville de Bâle a annoncé retracer la provenance des œuvres d'art dans les musées cantonaux. De l'autre côté de la frontière, à Munich, la fondation chargée de la supervision des musées de Bavière inaugure une base de données rendant publique l'historique de milliers d'œuvres acquises pendant l'ère nazie. 

Lors de l'inauguration de l'extension du Kunsthaus de Zurich en octobre dernier, son directeur Christoph Becker avait fièrement mentionné qu'avec l'arrivée de la collection Bührle au sein de la nouvelle enceinte, sous forme de prêt permanent, le musée possédait désormais la plus grande collection d'impressionnistes au monde en dehors de la France. Mais voilà qu'à peine deux mois plus tard, la nouvelle avait été entachée par une controverse au sujet de sa provenance. L'Allemand naturalisé suisse Emil Bührle (1890-1956) avait en effet, de manière notoire, édifié sa fortune sur la vente d'armes au IIIe Reich, et avait profité des pillages d'œuvres par les Nazis pour faire de belles affaires, d'un Van Gogh volé à Myriam de Rothschild ou d'un Degas dérobé à Alphonse Kann... Si ses 200 et quelques toiles, signées entre autres par Monet, Renoir, Sisley, ou Degas, étaient exposées dans le musée privé de la fondation Bührle sans trop générer de sursaut, leur déménagement dans un musée public avait jeté une toute autre lumière sur le débat. Dans la presse germanophone, plusieurs articles ont remis en question la position adoptée par le Kunsthaus, qui disait s'être fiée à l'évaluation de la fondation. Sans trop de surprises, cette dernière ne semble pouvoir identifier aucun « lien problématique » entre la fortune du collectionneur et ses biens, et n'évoque à aucun moment les mots travail forcé, crimes de guerre ou coresponsabilité. « Un établissement public a-t-il le droit de reprendre aussi entièrement l'autopromotion de prêteurs privés - et de marginaliser les vérités historiques ? », pouvait-on alors par exemple lire dans le quotidien national…

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