Même si la Biélorussie est embourbée dans une politique de sujétion à l’égard de son grand voisin envahisseur, l’installation Drygva (« marais ») n’est pas une parabole politique… C’est un véritable hommage à ces zones humides, écosystème fondamental du pays, source de biodiversité mais aussi de mythes, mis à mal par la catastrophe de Tchernobyl, la pollution, l’urbanisation… Des portraits tissés de femmes, sculptrices ou poétesses, flottent au-dessus de la mousse, comme un manifeste pour l’égalité des genres. Mais la politique revient bien par la fenêtre : car cette installation de Maria Gvardeitsea, montrée pendant seulement quelques jours au Mark Rothko Center de Daugavpils (Lettonie), aurait dû occuper le pavillon biélorusse de la Biennale de Venise 2022. Dans le durcissement totalitaire, le choix du comité de sélection – directeurs de musées locaux et curateurs internationaux – a été tué dans l’œuf par les autorités. L’artiste – aujourd’hui installée à Londres – fait partie des cohortes grossissantes des opposants intellectuels aux dictateurs de l’Est.
« Drygva. Breathe In – Breathe Out » au Rothko Center, jusqu’au 30 septembre.
rothkocenter.com