Le nombre croissant de festivals et d'expositions d'art contemporain au sein de l'espace urbain en témoigne chaque été : l'heure n'est plus aux murs enclos, propres et tout lisses des galeries. Après tout, les œuvres ont aussi bien le droit, si ce n'est le besoin, de prendre l'air et de changer d'horizon de temps en temps... C'est du moins ce que pense la Norvégienne Kristin Hjellegjerde, qui depuis 2020 déconfine et décloisonne ses espaces de vente à Londres et Berlin en ouvrant des pop-ups dans des lieux insolites qui invitent au voyage, physique et imaginaire. Après avoir investi au mois de juillet une ancienne fabrique de crevettes dans un fjord, la galeriste a posé pied sur la terre ferme des ruines d'un château allemand du XVIIIe siècle, situé à une petite heure de Berlin. Le décor romantique, au sens premier du terme, n'a rien de raisonnable – « Pas facile de convaincre les assurances de couvrir cette exposition ! », s'en amuse-t-elle. Mais c'est bien là ce qui fait donner raison à son intuition : accrochées aux murs décrépis, nichées dans les pièces caverneuses, cachées dans les jardins sauvages de la demeure historique, la quarantaine de toiles, sculptures et installations contemporaines prennent un tout autre sens. Œuvres et lieux se voient mutuellement offrir une Destinée transformée, ainsi qu'est intitulé le dessin de l'Indienne Rithika Merchant (lauréate du prix DDessin 2021), qui fait dialoguer entre eux les mythes et symboles de différentes cultures du monde pour faire naître un langage visuel hors du temps, où des millénaires d'histoires se racontent et se rencontrent.
« Uprising » au Schloss Görne, jusqu'au 18 septembre. kristinhjellegjerde.com