Aux côtés des Baiser de Klimt, Brancusi, Rodin, des Amants de Magritte et des Kissing Coppers de Banksy, le baiser fraternel entre Leonid Brejnev et Erich Honecker, dirigeants de l’URSS et de la République démocratique d’Allemagne, peint en 1990 par Dmitri Vrubel, figure au panthéon des étreintes les plus marquantes de l'histoire de l'art. Son auteur, russe d'origine et allemand d'adoption, s'est éteint le 14 août dernier d'une infection liée au coronavirus, à l'âge de 62 ans. Devenue instantanément iconique, reproduite sur une multitude d'objets souvenirs, Mon Dieu, aide-moi à survivre à cet amour mortel (1990) orne toujours une portion du mur de l'East Side Gallery, et ce, malgré les nombreuses dégradations accumulées ces trois dernières décennies. Dmitri Vrubel, qui n'est jamais reparti de la capitale allemande depuis le printemps 1990, avait lui-même restauré son œuvre en 2009. Résolument satirique, la fresque de 15 m² reprend un cliché pris à Berlin Est par le photographe de presse français Régis Bossu le 5 octobre 1979, jour de la célébration du 30e anniversaire de la RDA. Paru dans les médias du monde entier, c'est une double page de Paris Match qui aurait retenu l'attention de l'artiste dissident qui, aux côtés d'une centaine d'artistes, para avec enthousiasme l'un des vestiges du mur de peintures et graffitis politiques ou utopiques. Membre à l'époque de l'Union des artistes de l'URSS et du groupe artistique Avant-Garde Club (KLAVA), Dmitri Vrubel demeura fidèle à son appartenance au monde underground et à la dénonciation de la situation politique de son pays d'origine. Il publia notamment de son vivant un calendrier intitulé Les 12 humeurs de Poutine, coréalisé en 2001 avec son épouse, l'artiste Victoria Timofeeva.
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