Le Quotidien de l'Art

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Tango à Deauville

Tango à Deauville

Années folles, entre deux-guerres, élégantes et « garçonnes » à la plage, au Casino, sur les champs de course… Deauville fut pendant cinq décennies la station de villégiature de Kees Van Dongen (1877-1968) qui en fut « citoyen d’honneur ». Chantre pictural de la femme, séducteur volontiers narcissique, il décryptait l’évolution de sa libération – qu’il encourageait – en observant sa tenue vestimentaire, du maillot de bain seyant à la robe de soirée, en spectateur réjoui des excentricités que s’autorisaient ses contemporaines mondaines. Sa compagne, la couturière Jasmy Jacob, le disait « fou de danse ». Et quelle danse plus évocatrice que le tango pour ce fêtard impénitent qui « n’oubliait jamais les femmes timides, avant de faire danser les plus belles » ! Est-ce ici la plus timide, les yeux baissés ? Ou la plus belle ? Peut-être les deux à la fois… Vêtue de ses seuls bas à jarretière et de chaussures vertes au talon Louis XV rouge, unique touche fauve sur une palette sobre, elle s’abandonne dans un abrazo érotique. L’artiste un brin fétichiste ne disait-il pas que la beauté et l’intelligence d’une femme se repéraient aux pieds et chevilles, et que la chaussure au talon évasé, souvent présentée comme sa « signature », faisait d’elle « si matérielle, une déesse, une apparition toute d’esprit » ? La toile modifie la version originelle en ajoutant des ailes au danseur qui prend la figure d’un archange, la danseuse s’affranchit du sol. Il ne peint plus un mouvement, mais un ressenti.  

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