Le soir est en train de tomber, c'est l'heure bleue. La lumière accroche encore ses derniers rayons sur les enfants de Sandrine Rondard qui courent devant elle. Elle les guide et saisit ces courses amusées qui deviennent autant de scènes démultipliées et de prétextes pour saisir le mouvement, une quête quasi impossible en peinture, et le sujet de cette exposition. L'artiste dirige son pinceau comme un scénariste manierait une caméra, tant son travail est cinématographique. Tout tient à un cadrage, un détail, une atmosphère, la monumentalité d'un ciel, une impression. Si le réel est le point de départ de chaque tableau, Sandrine Rondard déplace la focale sur le terrain de l'art : le véritable sujet est la lumière, la forme et la couleur. Les contours s'estompent, les compositions se simplifient, la vibration monte. Toute l'histoire de la peinture s'y concentre. Les années d'enfance ont passé, trop vite bien sûr, d'où la grande nostalgie qui émane de cette dernière série. Alors peut-être que ce désir de capter une lumière à un instant donné revient à suspendre le temps et ainsi le figer dans les transparences de la peinture à l'huile. Une façon de toucher à l'éternité. Il s'agit de la première exposition de l'artiste à la galerie Insula.
« Sandrine Rondard. En attendant les lucioles », jusqu'au 22 juillet, à la galerie Insula, 24 rue des Grands Augustins, 75006 Paris
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