Rome, début du XIXᵉ siècle. Point d'orgue du Grand Tour, la Ville éternelle prend des allures de carrefour de rencontres pour la fine fleur artistique européenne, retrouvant une émulation qu'elle n'avait plus connue depuis la période caravagesque. Sous la protection de Louis Ier de Bavière, grand italianophile résidant régulièrement à la Villa Malta, sur le Pincio, les artistes allemands, menés par Johann Christian Reinhart et Joseph Anton Koch, renouvellent le genre du paysage (Landschaftsmalerei), qu'ils souhaitent faire évoluer du statut d'art ornemental à un art plus légitime, se détachant des canons hollandais et italiens du XVIIIᵉ siècle. De son côté, l'Aixois François-Marius Granet, ébloui par la manière dont les Romains laissent la nature s'épanouir au cœur des ruines antiques, multiplie les études au lavis et les aquarelles, pratique délaissée par les Germains, animés par une obsession du détail dès le dessin préparatoire. Granet, qui n'a pas fréquenté les artistes allemands de son vivant, saluant toutefois l'œuvre du Berlinois et Romain d'adoption Franz Ludwig Catel, contribua à la naissance d'un nouveau regard sur la nature, caractérisé par les observations in situ et une approche stylistique plus sensorielle, dont les Allemands vont finir par eux-même se saisir, à l'épanouissement du romantisme. Ces visions dialoguent dans les salles du musée Granet, fier de sa collaboration inédite avec la Neue Pinakothek de Munich, qui ne fait que très rarement sortir ses pièces du territoire national. Fondée en 1853 par Louis Ier pour accueillir sa collection, l'institution est fermée au public depuis 2019, en raison d'un grand chantier de rénovation s'achevant en 2028.
« Via Roma, peintres et photographes de la Neue Pinakothek de Munich », musée Granet, Aix-en-Provence, jusqu'au 2 octobre 2022, museegranet-aixenprovence.fr