On avait perdu sa trace depuis le début du XIXᵉ siècle, et son arrivée en France demeure auréolée de mystère : pièce maîtresse du sculpteur génois Angelo de Rossi (1671-1715), L'Adoration des bergers (1711) s'apprête à rejoindre une salle des ventes pour la première fois, quelques mois après sa découverte lors d'une succession. Ce bas-relief en terre cuite en excellent état a été conçu par son auteur pour son intronisation à l'Académie de Saint-Luc à Rome, qui le conserva pendant un siècle, avant de disparaître mystérieusement. « C'est une œuvre dont la réception fut extraordinaire au XVIIIᵉ siècle, explique Élodie Jeannest de Gyvès, consultée par la maison de ventes Camper Dabernat pour expertiser la sculpture. Il existe beaucoup de références historiques sur l’objet. Avec la tombée en désuétude du baroque et la mort précoce d'Angelo de Rossi, sa postérité n'est pas celle d'un Bernin ni d'un Algardi. Pourtant, de son vivant, De Rossi était particulièrement admiré pour sa virtuosité : il s'illustra lors de nombreuses commandes, pour Saint-Pierre de Rome, Saint-Jean du Latran ou l'église du Gesù. » Selon les experts du baroque tardif, L'Adoration des bergers bénéficia en son temps d'une renommée telle que plusieurs reproductions furent réalisées, dont une en argent offerte en 1744 par le pape Benoît XIV à la cathédrale de Bologne. Une autre reproduction fait aujourd'hui partie des collections du Palazzo Venezia à Rome. « C’est une pièce rare, qui aurait tout à fait sa place dans une grande institution. Au-delà de la prouesse technique, elle est très émouvante. La douceur émanant de la Vierge à l’Enfant s’allie à la force expressive des bergers, comme s'ils surgissaient et s’animaient de la terre cuite », ajoute Élodie Jeannest de Gyvès. Estimée entre 300 000 et 500 000 euros, elle sera mise aux enchères à Corbeil-Essonnes samedi 18 juin.
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