C'est une drôle d'Athéna qui se dresse dans la cour de l'hôtel Cabu, musée d'Histoire et d'Archéologie d'Orléans ! Amputée des deux bras par l'artiste Markus Lüpertz, célèbre « prince » du néo-expressionnisme allemand, et vêtue d'un péplum en tôle ondulée jeté sur l'épaule, la déesse grecque de la sagesse et de la guerre, patrone des arts et des inventions, affiche un corps rugueux et androgyne aux formes accidentées, lourd d'environ 200 kilos. D'un bleu turquoise strident, ses yeux de personnage étrusque plongent à la verticale, animant sa tête chauve et boursouflée d'un regard dément. Vert, bleu azur, rose bubble-gum... En hommage au passé polychrome de la statuaire grecque, l'octogénaire vandale né en 1941 a jeté des couleurs à la figure de ses 11 sculptures monumentales en bronze disséminées dans les rues et les parcs de la ville natale de Jeanne d'Arc, dont un Ulysse hydrocéphale et une Daphné boudinée au visage picassien. « Je parsème le monde de figures horribles », déclare, narquois, l'artiste « en guerre contre la perfection classique ». Outres ces œuvres en plein air, une grande exposition de ses dessins et peintures (« Markus Lüpertz. Le faiseur de dieux », jusqu'au 4 septembre), présentée au musée des Beaux-Arts d'Orléans, sème elle aussi le chaos en Arcadie. En prime, le 18 juin à 21 h, après une conférence donnée à 15 h dans l'auditorium du musée, cet as de la destruction et de la dissonance jouera du piano lors d'un concert de free jazz donné par son groupe dans la salle de l'Institut (Conservatoire d'Orléans).
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