Les vingt ans qu’avait prévus de célébrer joyeusement la rive gauche au printemps 2020 ont été, on le devine, entravés par la naissance d'un certain virus… Ce n’était que partie remise. En 2021, l’événement a repris ses quartiers avec une carte blanche aux artistes, parmi lesquels JR, Ugo Rondinone et The Anonymous Project, à qui l’on a donné pour la première fois la permission de (presque) tout faire : affichage sauvage interdit, (r)affichage des colonnes JCDecaux, des murs, des portes et des parterres… Un an plus tard, le Parcours confirme sa continuité avec une édition anniversaire en automne, et ce printemps, la publication Parcours Saint-Germain : 20 ans, revenant sur la genèse du projet, né après l’inauguration de la boutique Armani, « dans un tollé général à la place du Drugstore Publicis, se rappelle Anne-Pierre d’Albis-Ganem, présidente de l'événement. La librairie Le Divan venait tout juste d’être rachetée par Christian Dior, plusieurs maisons avaient déjà tenté une reprise de la librairie La Hune. En 1995-97, dans la presse, nous lisions que le quartier perdait de son âme, se vendait aux marchands du temple ». Le Comité Saint-Germain-des-Prés naît alors. Dans l'idée d'allier vie de quartier, art et luxe, il réunit autour d'un parcours estival les grandes maisons – Cartier, Armani, Sonia Rykiel, et le groupe LVMH avec Christian Dior, Céline, Kenzo et Christian Lacroix – le Café de Flore, les Deux Magots, et les acteurs institutionnels et culturels : la mairie du 6e arrondissement, les Beaux-Arts, le musée Delacroix, l’église Saint Sulpice... Vingt-deux ans et dix-huit éditions plus tard, la liste des 500 artistes passés par les rues et vitrines inclut Annette Messager, Laurent Grasso, Erwin Wurm, Eva Jospin ou Fabrice Hybert. « Chaque époque dispose d'atouts et d'inconvénients. Au lieu de regretter le temps des lampes à huile ou pleurer sur la fumée des cierges, faisons perdurer demain le mythe de Saint-Germain-des-Prés sous une forme nouvelle », conclut le maire, Jean-Pierre Lecoq.
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