Alors que les vents de guerre agitaient l'Europe, l'Arabie saoudite semblait, par contraste, un havre de paix en ce début de printemps. Même les contrecoups de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi à Istanbul en 2018 s'estompaient peu à peu (en témoigne la normalisation avec la Turquie, incarnée par la visite d'Erdogan à Riyad le 28 avril). L'exécution de 81 condamnés le 12 mars ne va certes pas contribuer à redorer le blason de l'Arabie en termes de droits de l'homme, même si ce record semble redimensionné par la sauvagerie russe en Ukraine. Ce récent raidissement contraste avec la libéralisation en acte dans d'autres secteurs comme la condition féminine (avec l'autorisation de conduire depuis 2018), le sport ou la culture. Dans ce dernier domaine, les transformations ont été menées au pas de charge : multiplication de festivals (cinéma avec Red Sea Festival à Djeddah ou musique électronique avec Soundstorm à Riyad), création d'une Biennale d'art contemporain (à Riyad en décembre dernier, voir QDA du 14 décembre 2021, qui alternera avec une Biennale des arts islamiques à Djeddah en 2022) et construction programmée de dizaines de nouveaux musées.
Milliards de dollars
AlUla, au nord-ouest, dans la province de Médine, est le symbole le plus marquant de ce nouveau cours, et semble incarner le visage le plus ouvert du pays. Dans ce site des civilisations dédanite et nabatéenne, peuplé d'impressionnants tombeaux sculptés dans le grès, cousins de ceux de Petra en Jordanie, la politique incarnée par le plan « Vision 2030 » qui mobilise des…