On l’a réduit à l’homme des têtes de mort, les calaveras. Mais le Mexicain José Guadalupe Posada (1852-1913), dont on peut enfin voir une rétrospective en France (issue de la collection de Mercurio López Casillas), était plus que cela. Boulimique de gravures, il en aurait produit dix mille au cours de sa vie, depuis sa jeunesse à León jusqu’à sa consécration dans la capitale, où il s’installe en 1888. Ces fameuses allégories de squelettes, si en vogue dans son pays, mais aussi des faits divers (infanticides, crimes passionnels), des événements souvent funestes (passages de comète, invasions de moustiques, accidents de chemin de fer, inondations comme celle qui causa 1000 morts et emporta son atelier à León en 1888), des épisodes historiques, des portraits (Porfirio Díaz, Zapata), des contes, et même des recettes de cuisine... Une immense production qui se lit comme une encyclopédie du chaudron prérévolutionnaire, avec sa paysannerie, son prolétariat naissant, ses castes dirigeantes imbues de leur pouvoir, ses traditions et ses tabous. Posada meurt oublié, et c’est à Jean Charlot, un peintre français installé au Mexique, à la biographie étonnante (de sangs mêlés russe et aztèque, assistant de Rivera, dessinateur de missions archéologiques), qu’on doit sa redécouverte, amplifiée par les muralistes et les surréalistes, qui y voient un précurseur.
« Posada, génie de la gravure » au musée de l’Image, à Épinal, jusqu’au 18 septembre 2022.
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