Bianca Bondi est une alchimiste pour qui le temps fait naître les plus belles métamorphoses. Chez l'artiste sud-africaine de 36 ans, les matières organiques constituent un terrain d'exploration de la féerie dans l'éphémère, grâce à l'usage du sel, son matériau fétiche, dont elle recouvre ses sculptures, à la merci de la corrosion et de l'oxydation. Le sel est sacré chez Bianca Bondi : protecteur, spirituellement chargé, il initie des transferts d'énergies et donne à voir d'autres réalités, à la faveur de sa symbolique ésotérique. Invitée en résidence à Sète par le CRAC Occitanie, l'artiste, assistée des élèves de la cité scolaire Paul Valéry, a dragué les fonds des canaux de la ville et arpenté ses rues à la recherche de trésors insoupçonnés, enfouis sous l'eau ou oubliés sur un coin de trottoir. Parmi ses plus précieuses trouvailles, une armoire à pharmacie, des coraux, un bracelet en perles, un vieux livre détrempé, des coquillages nacrés, assemblés en un autel marin magique orné de plantes aquatiques tombant en cascade. Toute la beauté poétique de ces « natures mortes-vivantes » trouvent un écho dans le potentiel transfiguratif du sel, dont les cristaux font évoluer l'aspect de chacun des objets, tachetés de bleu ou d'orange. Chacune des reliques marines de Bianca Bondi entrelace vie et mort : la désagrégation devient régénération, créant des écosystèmes en perpétuelle évolution.
« Bianca Bondi. Objects as Actants », jusqu'au 22 mai, CRAC Occitanie, crac.laregion