La question de la (ré)appropriation de l'espace urbain était déjà au cœur de la précédente édition de Manifesta, Biennale européenne itinérante de création contemporaine, tenue dans un contexte sanitaire tendu à Marseille à l'automne 2020. L'équipe curatoriale de la 14e édition, qui sera inaugurée le 22 juillet 2022 à Pristina au Kosovo, a annoncé mardi son programme. En collaboration avec des urbanistes, artistes et penseurs kosovars, Manifesta 14 entend « repenser le modèle et la pertinence d'une biennale internationale dans un monde post-pandémique ». Le programme prévoit 40 interventions artistiques et urbaines et 32 œuvres produites pour l'occasion dans 22 lieux, rassemblant 77 participants (dont 17 collectifs) venus de 32 pays, parmi lesquels 37 sont basés au Kosovo et 16 dans la région des Balkans. En d'autres termes, 46 % du programme émane de productions kosovares. Un chiffre en accord avec le cahier des charges de l'événement, qui se présente comme « un incubateur temporaire dans la ville » visant à impulser une reconquête durable de son espace par les habitants. En préalable, l'équipe curatoriale avait engagé le cabinet italien Carlo Ratti Associati afin de mener une enquête sur les lieux publics que les citoyens gagneraient à réinvestir. Ces derniers forment les balises du parcours et incluent le Grand Hôtel, point de rencontre populaire à l'époque de la Yougoslavie et aujourd'hui largement inutilisé, la Brick Factory, une grande usine post-industrielle juste à l'extérieur du centre-ville, ou encore l'ancienne bibliothèque Hivzi Sylejmani, transformée par Manifesta en institution culturelle : ancrée dans le quartier avec un programme d'activités au plus près des habitants, le Centre for Narrative Practice est le premier lieu pérenne créé par Manifesta.
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