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« Nous sommes attentifs aux générations montantes et à la découverte »

« Nous sommes attentifs aux générations montantes et à la découverte »
Guillaume Piens.
© Photo Chiara Santarelli/NH COMM.

C’est une année charnière pour Art Paris, qui consolide l’arrivée d’exposants chevronnés tout en souhaitant laisser une large place aux jeunes galeristes.

Guillaume Piens

Commissaire général

N'est-il pas difficile de monter une nouvelle édition seulement 6 mois après la précédente ?

C’est en effet la première fois que cela se produit. En 2020, la foire avait été décalée en septembre en raison du Covid. En 2021, elle aurait dû retrouver son créneau du printemps mais les conditions sanitaires nous ont conduit à la programmer de nouveau en septembre. Ce retour à la date habituelle en 2022 nous a contraints à tout accélérer : nous avons eu un premier comité de sélection dès octobre, à peine trois semaines après la clôture de l’édition 2021. Et il faut signaler que c’est une édition particulièrement ambitieuse, avec deux curateurs au lieu d’un et une ré-interrogation complète de notre mode de fonctionnement avec le développement d’une démarche inédite d’éco-conception de foire. Mais je dois dire que nous avons été propulsés par le succès et l’énergie de notre édition 2021 !

Quelles sont les grandes nouveautés du côté des exposants ?

Nous avons réduit le nombre de galeries de 140 à 130, car nous avons eu des demandes de stands plus grands, mais également pour une meilleure fluidité dans la circulation des allées. Nous avons reçu un nombre record de candidatures – plus de 300 dossiers – mais, plus que la quantité, il faut souligner la qualité. Nous avons notamment eu des sollicitations début janvier suite à l’annulation de TEFAF, ainsi qu’après l’annonce du 24 janvier concernant la rupture entre le Grand Palais et la FIAC. Nous avons une importante liste d’attente à laquelle nous n’avons pas pu répondre positivement car – et c’est aussi un cas unique - nous n’avons enregistré aucune annulation.

La foire se renouvelle-t-elle ?

Nous avons 30 % de nouveaux arrivants et de retours par rapport à 2021. Ce que je trouve surtout important, c’est que la liste s’étoffe. Les galeries poids lourds qui étaient arrivées en 2021 pour la première fois sont quasiment toutes là, ce qui signifie qu’elles ont estimé que la foire leur convenait et que le pari est gagné pour nous : Continua, Perrotin, kamel mennour, Lelong, Massimo de Carlo. À cela s’ajoute l’arrivée de nouvelles galeries de stature internationale comme Max Hetzler, Denise René, gb agency, Rodolphe Janssen, Bernier Eliades, Xippas, Pietro Spartà, Brame & Lorenceau. Et je suis content de voir le retour d’exposants qui n’étaient pas venus depuis très longtemps comme Praz Delavallade, Catherine Issert, Christophe Gaillard, Eric Mouchet ou Backslash.

Mais peut-on parler de rajeunissement ?

Nous sommes un peu l’inverse de la FIAC : chez nous, le spectre a toujours été de 60 % de galeries françaises. Et dans ce vivier, nous sommes très attentifs à la génération montante, chez laquelle on voit des réflexes de solidarité et d’échange assez séduisants. Nous avons d’ailleurs deux jeunes galeristes dans notre comité de sélection, Pauline Pavec et Pierre-Arnaud Doucède (PACT). Il y a aussi beaucoup de femmes : Lara Sedbon, Charlotte Ketabi, Marguerite Millin, Ariane C-y…

C’est une année « zéro carbone ». Cela implique-t-il un coût supplémentaire ?

Bien sûr, car il est plus facile de jeter que de recycler. Nous recevons une subvention de l’ADEME, ce qui est un geste significatif de la part de l’État mais qui ne couvre pas tout. Il reste donc des coûts assumés par l’organisation et non par les galeries. Un exemple : l’évacuation du coton gratté des cloisons, ignifugé et agrafé, représente 2,5 tonnes, dont la totalité va être valorisée en matériel isolant par une entreprise du Nord. Nous prenons en charge le prix du transport, qui n’est pas indifférent.

Les événements en Ukraine vont-ils avoir un impact ?

En arrière-plan, il y a évidemment la grande tristesse de voir ce qui se passe. Mais nous sommes une foire régionale, ce qui nous protège – nous n’avons jamais eu d’oligarques arrivant en jet privé même si nous avions consacré un focus à la scène russe en 2013 – et je pense que l’impact n’aura rien à voir avec le quasi-arrêt cardiaque du marché de l’art en avril 2020 provoqué par la pandémie. Par ailleurs, quand il y a des guerres, on sait que l’art devient une valeur refuge comme l’or. L’effet pourra se faire ressentir plus tard d’une autre façon, par exemple au niveau du prix des matières premières comme le bois. J’ai plutôt le sentiment que nous aurons une croissance des visiteurs étrangers. Nous avons musclé notre programme VIP et conclu un partenariat avec 1-54 qui tient son édition à Paris en même temps que nous.

Peut-on déjà avoir des indications pour 2023 ?

L’édition se tiendra du 29 mars au 2 avril 2023, avec deux thématiques. La première, sur la scène française, sera pilotée par Marc Donnadieu et portera sur la notion d'art et d’engagement. La seconde, par la commissaire libanaise Amanda Abi Khalil, s’intéressera à l’exil, à la façon dont les artistes s’intègrent à d’autres cultures et interviennent dans le renouvellement d’une scène. Un sujet d’actualité...

Art Paris 2021.
Art Paris 2021.
© Photo Marc Domage.
Art Paris 2021.
Art Paris 2021.
© Photo Marc Domage.
Galerie Templon, Art Paris 2021.
Galerie Templon, Art Paris 2021.
© Photo Marc Domage.
Galerie Maruani Mercier, Art Paris 2021.
Galerie Maruani Mercier, Art Paris 2021.
© Photo Marc Domage.
Art Paris 2021.
Art Paris 2021.
© Photo Marc Domage.
Elsa Guillaume, "Slice n°3", 2020, triptyque, faïence émaillée, 58 x 41 x 20 cm ; 13 x 29 x 17 cm ; 25 x 27 x 11 cm.
Backslash.
Elsa Guillaume, "Slice n°3", 2020, triptyque, faïence émaillée, 58 x 41 x 20 cm ; 13 x 29 x 17 cm ; 25 x 27 x 11 cm.
Backslash.
© Courtesy de l’artiste et Backslash.
Tursic & Mille, "Landscape in red", 2017, huile sur toile, 320 x 230 cm.
Galerie Max Hetzler.
Tursic & Mille, "Landscape in red", 2017, huile sur toile, 320 x 230 cm.
Galerie Max Hetzler.
© Photo Def image/Tursic&Mille/Courtesy galerie Max Hetzler.
Tursic & Mille, "Everyone Enjoyed The Program", 2019, huile sur toile, 200 x 150 cm.
Tursic & Mille, "Everyone Enjoyed The Program", 2019, huile sur toile, 200 x 150 cm.
© Photo Def image/Tursic & Mille/Courtesy Galerie Max Hetzler.
Tursic & Mille, "The Blue Landscape, 2019, huile sur panneau de bois et encadrement en chêne, en trois parties, 246,3 x 373,7 x 5,5 cm.
Galerie Max Hetzler.
Tursic & Mille, "The Blue Landscape, 2019, huile sur panneau de bois et encadrement en chêne, en trois parties, 246,3 x 373,7 x 5,5 cm.
Galerie Max Hetzler.
© Photo Def image/Tursic & Mille/Courtesy Galerie Max Hetzler.

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Article issu de l'édition Hors-série du 28 mars 2022