Première foire à intégrer le Grand Palais Éphémère, première foire à tenir deux éditions aussi rapprochées en raison du Covid (moins de 7 mois, de septembre 2021 à aujourd’hui), première foire parisienne à se tenir depuis l’invasion de l’Ukraine, Art Paris multiplie les cas de figure originaux. Et elle se veut, en ce début d’année 2022, également pionnière dans un autre domaine – l’écoconception – en apportant une attention particulière aux matériaux qui composent les stands. On les a longtemps jetés à la benne sans se préoccuper – le temps est venu de s’interroger sur leur recyclage et leur valorisation. La guerre à l’Est, le renchérissement des matériaux, la crise énergétique annoncée rendent d’ailleurs ces démarches de plus en plus pressantes.
Si les événements ukrainiens vont forcément occuper les conversations et les esprits, on pourra aussi s’intéresser à une géopolitique plus strictement artistique. Art Basel, que la RMN-Grand Palais a choisi pour opérer la foire appelée à succéder à la FIAC, vient de donner un premier aperçu de ce qu’elle sera : pilotée par Clément Delépine, un ancien du salon Paris Internationale, elle aura un nom d’une complexité certaine, « Paris+, par Art Basel », et la nécessité de se trouver une identité propre. Face à ce nouveau défi, Art Paris aura certainement à cœur de consolider la sienne : celle d’une foire qui continue de se revendiquer « régionale », adepte du circuit court et défricheuse de la scène française du dernier demi-siècle. Des fondamentaux « sains », comme diraient les analystes financiers, qui lui ont d’ailleurs valu d’enregistrer l’arrivée récente de quelques « poids lourds ». Et qui augurent d’une scène parisienne concurrentielle, ouverte, diversifiée, tolérante – autant de vertus que certains gouvernants voudraient bien rayer du catalogue.