Le malaise est immédiat. En quittant les rues arborées du chic quartier des Jardins de São Paulo pour fouler la pelouse synthétique qui tapisse l’exposition de la galerie Kogan Amaro (qui s'est achevée le 26 mars), on se transforme en bétail. Il faut « laisser le bétail tout raser », disait en mai 2020 l’ancien ministre de l’Environnement Ricardo Salles. En portugais, l'expression « passar a boiada » est devenue synonyme de cette politique de l'ère Bolsonaro qui préfère détruire la forêt et exploiter ses ressources. Le visiteur devient donc un bœuf, acteur malgré lui d’un cheptel qui détruit la forêt pour mieux l’exploiter. D’où cette pelouse qui crisse sous nos pieds et ces clôtures en bois, oppressantes.
À l’origine de cette exposition, Thiago Mundano, 36 ans. « C’est normal de se sentir mal à l’aise, c’est l’effet que je veux produire. Vous entrez ici comme dans un paysage détruit par le bétail, et vous vous mettez à…