Collectionneur avisé qui sut s'entourer des historiens les plus renommés de son époque (Bernard Berenson et Federico Zeri notamment), Vittorio Cini (1885-1977) a rassemblé de son vivant un superbe ensemble de peintures et d'objets d’art italien du XIVᵉ au XVIIIᵉ siècle, rivalisant avec les collections des plus beaux musées de la péninsule. De nature discrète, on en sait peu sur la personnalité de l'homme de Ferrare, sinon que sa passion pour les grands maîtres l'a conduit jusqu'à Venise, sa ville d'adoption, où demeurent aujourd'hui son palais-musée et sa Fondation, dans l'ancien monastère de San Giorgio Maggiore. À l'occasion des 70 ans du centre de recherche, un prêt de 90 œuvres a été conclu avec l'hôtel de Caumont, première instiution française à bénéficier de leur sortie d'Italie. Les primitifs italiens et la Renaissance ferraraise, florentine et siennoise occupent une place de choix dans les salles feutrées du musée, des miniatures à fond d'or de Fra Angelico et Giotto aux vierges à angelots de Piero di Cosimo et Filippo Lippi, en passant par les portraits humanistes ou fantasmés de Jacopo Pontormo et Giandomenico Tiepolo. Les panneaux sur bois de Colantonio incarnent le lien unissant un temps l'Italie et l'école provençale, qui influenca la peinture napolitaine du Quattrocento. Vittorio Cini, conscient des difficultés d'attribution de certaines œuvres entrées en sa possession, a toujours revendiqué sa démarche d'esthète. Sans doute fut-il sensible au mystère qui entoure encore de nos jours l'envoûtante Vierge à l’Enfant (vers 1470-1475) possiblement peinte par Piero della Francesca ou Luca Signorelli.
« Trésors de Venise : la collection Cini », hôtel de Caumont, 3 rue Joseph Cabassol, 13100 Aix-en-Provence, jusqu'au 27 mars.
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