Après deux semaines d'incertitude, les 3 commissaires du pavillon ukrainien à la 59ᵉ Biennale de Venise ont annoncé son maintien (voir l'Hebdo du 11 mars). L'artiste Pavlo Makov, qui représente son pays cette année, a de son côté déclaré son intention de rester à Kharkiv, où il réside, tout en maintenant le souhait que son installation phare, la Fontaine de l'épuisement, arrive à bon port (des fragments de l’œuvre, fortement endommagée lors de bombardements, ont été transportés par Maria Lanko hors du pays). L'histoire de la présence de l'Ukraine à la Biennale de Venise en tant que pavillon est relativement récente : après une première participation en 2005, encadrée par le ministère de la Culture, le PinchukArtCentre, centre d'art fondé à Kiev en 2006 par l'homme d'affaires Victor Pinchuk, mécène pro-européen (voir QDA du 14 octobre 2021), avait sponsorisé les pavillons de 2007, 2009 et 2015. L'exposition de cette année-là, intitulée « Hope », était éminemment inspirée par la crainte d'une guerre menaçant l'équilibre fragile du pays, opérant un coup de projecteur sur la jeune création ukrainienne, en rassemblant notamment Yevgenia Belorusets, Nikita Kadan, Zhanna Kadyrova, Mykola Ridnyi & Serhiy Zhadan, Artem Volokitin, Anna Zvyagintseva and Open Group. Les œuvres présentées dans une salle vitrée aux abords du Grand Canal adressaient alors les incertitudes du futur à la lumière du passé soviétique et du présent, seulement un an après l'annexion de la Crimée par la Russie. Certaines installations examinaient le traitement occidental du conflit et sa spectacularisation côté russe, tandis que d'autres, à l'image de l'ensemble de vidéos du collectif Open Group, questionnaient directement l'impact physique et mental du conflit sur ses citoyens, et particulièrement sur les jeunes soldats ukrainiens récemment enrôlés pour défendre leur pays.
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