Un torrent qui court entre des maisons en ruine, des jeunes gens qui dansent jusqu'à l'épuisement après avoir émergé d'une nature sauvage... Mêlant l'énergie d'une Pina Bausch et le mystère d'un Apichatpong Weerasethakul, le nouveau film de Lola Gonzàlez, Tonnerres, a été tourné après le passage de la tempête Alex dans la vallée de la Roya, près de Nice, lors d'une résidence à la Villa Arson. De cette expérience collective est née l'idée chez Eric Mangion, directeur du centre d'art, de confier à Lola Gonzàlez le choix de réunir des artistes dont elle se sent proche. « Je voulais inviter des personnes qui brassent du sensible », confie l'artiste. La vidéaste qu'on présente souvent comme une cheffe de groupe s'en défend : « Je me méfie du collectif, car il peut signifer l'effacement. » Ainsi le titre de l'exposition, « Ce que nous avons perdu dans le feu », emprunté à un livre de Mariana Enriquez, évoque les « corps invisibles », ce qui reste après l'incendie. Rien à voir ici, a priori, entre les peintures expressionnistes de Corentin Canesson, la poésie bouleversante de la musicienne, écrivaine et plasticienne Zoe Heselton, le film A Truly Shared Love d'Émilie Brout et Maxime Marion (« pièce totale » selon Lola Gonzàlez), le lave-linge en boucle cinétique de Thomas Teurlai, les films colorés d'Emma Lauro ou les fresques fantasmatiques d'Abdelkader Benchamma. Pourtant entre elles et eux sont nées des collaborations, des dialogues – des coups de foudre, un embrasement.
« Ce que nous avons perdu dans le feu » à la Villa Arson, Nice, jusqu'au 17 avril, villa-arson.fr