Le Quotidien de l'Art

Quand la France vend ses monuments publics

Quand la France vend ses monuments publics
Le pavillon de la Muette à Saint-Germain-en-Laye est un ancien rendez-vous de chasse construit par l'architecte Ange-Jacques Gabriel pour le roi Louis XV.
Photo Henry Salomé.

Après le domaine de Grignon ou le pavillon de la Muette, voici le projet de vente de la Maison de France à Rio. Ces ventes de l’immobilier de l’État laissent peu à peu la place à une volonté de valorisation à long terme.

​​​​Se séparer des surfaces « inutiles ou inadaptées » et… faire des économies. Tel était le credo de François Baroin, locataire de Bercy de 2010 à 2012. Il ouvrait alors la boîte de Pandore : vendre les pépites immobilières de l’État pour renflouer les caisses. Il y eut l’hôpital royal de Versailles, cédé à un promoteur pour y réaliser des logements, la cession de l’Hôtel de Montesquiou, édifié en 1781 à Paris, au profit de la Chine qui y installa sa chancellerie, ou encore la tentative de vente de l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde, finalement resté dans le giron de l’État qui l’a restauré et ouvert au public l’an passé. À la tête d’un parc immobilier colossal estimé à 42 milliards d’euros pour 97 millions de mètres carrés de bureaux, écoles, logements, édifices de culte ou culturels, prisons, l’État français injecte chaque année 8 milliards d’euros pour entretenir ses trésors de famille. Les recettes sont faciles, avec quelque 5 milliards d’euros levés entre 2005 et 2010, et le stock de biens diminué de 20 % depuis dix ans. « On avait dans les années 2010 de forts objectifs de cessions, se souvient Elisabeth Pons, administratrice civile au sein de la Direction de l’Immobilier de l’État (DIE), successeur de France Domaine depuis 2016 à Bercy. Le désendettement était alors un fort enjeu, et près d’un quart du produit des ventes y contribuait. Les ventes se faisaient facilement grâce à l’importance des biens et au dynamisme du marché immobilier. Aujourd’hui, le produit des ventes va à l’entretien des bâtis, mais la cession des biens est plus difficile. » De fait, le Petit Montjoux, propriété de 400 m² à Thonon, cherche acquéreur depuis dix ans, malgré un prix de vente rabaissé de 9 à 6,24 millions d’euros.

Ventes en berne

Les chiffres concordent : alors que la moyenne des cessions immobilières atteignait les 558 millions d’euros annuels sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le montant était stable sous celle de François Hollande (516 millions), mais a fortement chuté sous l’actuelle mandature avec seulement 341 millions d’euros annuels (à quoi il faudra toutefois ajouter les ventes…

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