Le Quotidien de l'Art

Politique culturelle

La Belgique accélère le pas vers des restitutions à la République démocratique du Congo

La Belgique accélère le pas vers des restitutions à la République démocratique du Congo
Le Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren.
© Viktorhauk.

La Belgique n'a, à ce jour, jamais restitué d'objets arrachés aux populations de ses anciennes colonies, qui correspondent aux actuels République démocratique du Congo, Rwanda et Burundi. Mais le pays prend depuis peu le sujet à bras le corps. Lors d'une cérémonie officielle le 17 février, en marge du sommet Europe-Afrique de Bruxelles, le Premier ministre belge Alexander De Croo a remis sous forme de disque dur à son homologue congolais Jean-Michel Sama Lukonde un « inventaire complet » des objets originaires de l'ex-Congo belge, aujourd'hui conservés au musée de l'Afrique de Tervuren. Ces quelque 84 000 sculptures, masques, ustensiles ou instruments de musique, transférés en Belgique jusqu'en 1960, année de l'indépendance du Congo, représentent environ 70 % du fonds du musée. Dès cette année, l'État congolais pourra procéder, à partir de ces données, à des demandes de restitution après consultation d'une commission mixte de chercheurs belges et congolais. Lors d'une conférence de presse, Thomas Dermine, secrétaire d'État belge chargé de la politique scientifique, a affirmé qu'« une toute petite fraction des œuvres » a été acquise de manière illégitime (transactions commerciales inéquitables, pillage), ajoutant cependant que « tout le patrimoine congolais du musée (serait) soumis à l'examen historique, parce qu'on reconnaît que, par essence, la relation coloniale était déséquilibrée ». Le secrétaire d'État va plus loin en évoquant « un cadre holistique » : « On ne parle pas de pièces en particulier, on a dépassionné le débat. On est arrivé à un point où la question matérielle est secondaire par rapport à l’aspect historique. » Cette démarche fait suite à une toute nouvelle orientation de l'État belge vis-à-vis du patrimoine issu de son passé colonial : un projet de loi vers son aliénabilité et la définition d'un cadre juridique de restitution devrait être débattu au Parlement au premier semestre. Après Tervuren, musées et universités belges devraient également être amenés à passer en revue leurs collections.

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Article issu de l'édition N°2330