Dans un pays, le Brésil, où plus de la moitié de la population est afro-descendante, il y a un paradoxe : ils et elles sont à la fois présents et invisibles. Dans les grandes galeries, chez les collectionneurs ou dans les musées, leur voix porte de plus en plus. Mais est-elle entendue ? S’interroger sur la production artistique des Afro-Brésiliens, sa place, son importance, ses acteurs, n’a de sens qu’en rappelant les mécanismes du racisme structurel de la société brésilienne. « Il faut plus d’une dizaine d’années pour former un artiste, et cela passe nécessairement par l’accès à l’université pour tous », explique Rosana Paulino. Docteure en Arts plastiques à la prestigieuse Université de São Paulo (USP), elle se félicite de voir aujourd’hui toute une génération diplômée grâce aux politiques de quotas mises en place sous les gouvernements Lula puis Dilma, au début des années 2000. Master ou doctorat en poche, 10 à 15 ans plus tard, ces artistes, curateurs ou producteurs noirs font leur entrée sur le marché de l’art.
Rosana Paulino connaît bien…