Intimidation ou réelle menace ? Le Pérou réclame la restitution d'environ 60 pièces d'archéologie précolombienne de la collection Barbier-Mueller, une des plus importantes au monde. Celle-ci doit être mise en vente à Paris chez Sotheby's les 22 et 23 mars (313 lots en tout). L'exposition des oeuvres de cette vente démarre lundi prochain, 4 mars chez Sotheby's. Le Journal Le Temps de Genève s'interrogeait, hier, sur une revendication jugée « tardive ». En effet, cette collection est loin d'être secrète. Elle est depuis plusieurs années hébergée dans un palais de Barcelone et présentée au public. La municipalité, crise aidant, n'a pas eu la possibilité de la racheter à Jean-Paul Barbier-Mueller, qui a décidé de la vendre. En septembre dernier, elle avait été partiellement exposée dans le cadre du Parcours des Mondes à Paris. Pourquoi les autorités péruviennes ont-elles attendu si longtemps ? Sont-elles vraiment en mesure d'interdire la vente de ces objets ? Jointe hier au téléphone, Marguerite de Sabran, directrice du département Arts d'Afrique et d'Océanie chez Sotheby's à Paris, en charge de cette vente, a affirmé au Quotidien de l'Art que Sotheby's n'avait reçu pour l'instant aucune demande officielle du Pérou. Dans un communiqué, ce pays a annoncé que « le ministre de la Culture demandera au ministère des Affaires étrangères de faire la réclamation de nos biens par la voie diplomatique en accord avec les traités internationaux ». Se référant à une loi péruvienne de 1822 interdisant la sortie du pays des biens archéologiques sans autorisation gouvernementale, les autorités soupçonnent que les pièces réclamées sont sorties illicitement. Pour Laurence Mattet, directrice du musée Barbier-Mueller de Genève, interrogée par Le Temps, ce sont les conventions de l'Unesco qui s'appliquent, elles ne remontent pas au-delà de 1970, « et ne sont pas rétroactives ».