Artiste hyperactif, avec un studio très productif à Los Angeles, Sterling Ruby aime manier les différents médiums – papier, toile, céramique, métal, vidéo, mais aussi textile... À Rome, ce représentant de l'avant-garde, qui est aussi celui de la mondialisation (né en Allemagne d'une mère néerlandaise et d'un père américain) a eu jusqu'à Noël les honneurs de l'historique et cossue Galleria Doria Pamphilj à Rome. Il y a montré une toile rouge vif non loin du portrait d'Innocent X de Vélasquez qui a tant inspiré Francis Bacon. Montrant une dimension plus monumentale de son œuvre, l'exposition chez Gagosian montre d'immenses goutelettes de métal poli, hautes de 3 mètres. Dans la grande salle ovale (qui est au-dessus d'un espace de même taille, occupé par la Fondazione Nicola del Roscio – l'ancien assistant de Cy Twombly – qui présente Tacita Dean jusqu'au 26 février), ces six larmes impeccables et brillantes, chacune sur un modeste piédestal en formica, se veulent un avertissement. Leurs couleurs renvoient à trois liquides primaires (eau, sang, urine) et à trois incarnations du grand combat pour l'environnement (pétrole, « total carbon », « greenpeace »). Une démontration aussi cryptée que celle des dessins à côté, qui juxtaposent ossements humains et couleurs du prisme. « À quoi serviront les arcs-en-ciel s'il n'y a plus d'humains pour les admirer ? », demande en substance l'artiste...
« Sterling Ruby. Future Present » à la galerie Gagosian, Via Francesco Crispi 16, Rome, jusqu'au 5 février.
gagosian.com