Fin août 1939, tandis que la Seconde Guerre mondiale s'amorce, la Direction des musées de France prend la décision d'évacuer par camion des milliers d’œuvres des grands musées parisiens vers onze châteaux et abbayes du centre et de l’ouest de la France : parmi eux, le domaine historique de François Iᵉʳ, qui voit arriver pas moins de quarante convois en quelques semaines. Il est alors urgent de protéger les collections des incendies menaçant la capitale. Envisagé tout d'abord comme une gare de triage (car jugé comme trop peu sécurisé, vétuste, et surtout, trop connu pour devenir un lieu de stockage permanent), Chambord devint contre toute attente durant la guerre le plus grand dépôt du pays, avec 4 000 m3 de caisses de stockage réparties dans les quelque 400 pièces du château, abritant des chefs-d'œuvre issus des collections publiques françaises, d'autres de collections privées, appartenant notamment à Edmond de Rothschild, Jean Zay ou Fernand Léger. La Joconde, le Radeau de la Méduse, la Liberté guidant le peuple, la Dame à la licorne ou le Cirque de Seurat y furent notamment entreposés. Antiquités égyptiennes, sculptures du Moyen Âge, meubles, objets d'orfèvrerie, dessins ou encore céramiques furent aussi conservés, certains faisant même l'objet de restaurations sur place. Connu de l'occupant – une sentinelle allemande était quotidiennement postée à l'entrée du domaine dès 1940 – le dépôt fut la cible de saisies nazies, notamment en 1941, lorsque l'ERR (Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg, commission chargée de la confiscation des biens juifs dans l'Europe occupée) s'empara stratégiquement de seize caisses appartenant à des familles juives pour les entreposer au Jeu de Paume, qui fut leur repaire d'œuvres confisquées.
Célébrer les gardiens du trésor
L'expos…