Récompensée samedi 6 novembre lors d'une cérémonie au musée des Beaux-Arts du Canada à Ottawa, l'artiste inuit Laakkuluk Williamson Bathory, 42 ans, a obtenu le prix Sobey pour les arts (Sobey Art Award) assorti d'une dotation de 100 000 dollars canadiens (environ 69 500 euros). Les autres finalistes — Lorna Bauer, Rémi Belliveau, Gabi Dao et Rajni Perera — ont reçu chacun 25 000 dollars (17 300 euros). Le Sobey Art Award, dont c'est la 19ᵉ édition, récompense les talents émergents dans les arts visuels et est administré conjointement par la Sobey Art Foundation et le musée des Beaux-Arts du Canada. Originaire d'Iqaluit, au Nunavut, Laakkuluk Williamson Bathory est issue de la communauté kalaaleq, établie au Groenland. Danseuse, vidéaste et conteuse, elle pratique la danse Uaajeerneq, une danse masquée issue des traditions du Kalaallit Nunaat. Comme de nombreuses pratiques culturelles autochtones, cette danse avait été interdite par les missionnaires chrétiens au XIXe siècle, car considérée comme démoniaque. En plein renouveau depuis les années 1970, elle est reprise par l'artiste comme un outil narratif et militant, articulé autour des thématiques de la peur, de l’humour et de la sexualité. « En raison de l'héritage de la colonisation, nous, en tant qu'autochtones, ne possédons pas nos histoires à moins que nous ne les racontions nous-mêmes. Racontez vos histoires », a déclaré celle qui puise dans ses racines familiales et son ancrage matriarcal pour défendre sa vision du féminisme. Adepte des collaborations avec d'autres artistes autochtones et farouche défenseur de l'aspect transgénérationnel de sa pratique artistique, elle a récemment travaillé avec une équipe de conservateurs inuits au musée des Beaux-Arts de l'Ontario, à Toronto, pour l'exposition « Tunirrusiangit : Kenojuak Ashevak et Tim Pitsiulak » (2018).
gallery.ca