Dans un rapport d’échelles vertigineux, les hautes voûtes solennelles du CAPC de Bordeaux accueillent les courbes des Cellules d’Absalon, ces habitations pour une personne portant elles-mêmes en creux la présence fantomatique du corps de l’artiste israélien, mort en 1993 à l’âge de 28 ans des suites du sida. Lors de son court passage en France (1987-1993), celui qui était né Meir Eshel a marqué la scène française de l’art contemporain. On en retrouve ici les échos diffractés dans un dialogue à la fois formel et conceptuel conçu avec une rigueur toute absalonienne par les commissaires de l’exposition, Guillaume Désanges et François Piron. Ainsi, aux « bulles autonomes » (selon leur propos) et aux vidéos où Absalon crie son impuissance répondent les gestes contraints du chorégraphe Alain Buffard, les ordonnancements thérapeutiques de Laura Lamiel, le rideau de perles transcendant de Félix González-Torres ou encore les sculptures unipersonnelles en savon de Myriam Mihindou. Des formes de résistance où le un vaut pour le tout, et l’intime est politique.
Absalon Absalon, jusqu’au 2 janvier 2022 au CAPC de Bordeaux
capc-bordeaux.fr