Le Turner Prize a été attribué à Array Collective. Ce collectif irlandais, engagé dans le dépassement d’une vision binaire des identités de genre, se réclame d’une histoire radicale « TransPédéGouine », dans une relecture des rituels du folklore irlandais et pour la création de lieux de rencontre hors des divisions religieuses, très présentes à Belfast. Les 11 artistes, dont l’activisme s’étend à l’avortement, la gentrification, la santé mentale et la sécurité sociale, ont déclaré que la dotation de 25 000 livres sterling irait financer un lieu permanent. Pour l’exposition, Array Collective a proposé la reconstitution d’un bar clandestin rempli de pancartes et banderoles employées lors de manifestations. Le Turner Prize traverse une remise en question sans précédent de son rôle de mise en compétition des artistes. Pour cette édition n’ont été nommés que des collectifs engagés socialement : Black Obsidian Sound System (qui réactive des sound systems, fêtes sauvages de la diaspora noire réunissant une communauté queer, trans et inter-sexe), Cooking Sections (qui emploie l’alimentation comme outil de lecture politique et de confrontation avec le mercantilisme de l’agro-industrie), Gentle/Radical (tiers-lieu communautaire et inclusif de Cardiff) et Project Art Works (collectif d’artistes autistes qui milite pour la neurodiversité). Le prix a fait l'objet d’un vif débat sur la nécessité d’ouvrir la définition du travail artistique. Alex Farquharson, directeur de la Tate Britain qui l'organise, a rétorqué que ces collectifs s’inscrivent dans « une généalogie de la performance qui ramène l’art dans la vie et la vie dans l’art ».