Être une artiste femme et engagée n'a pas la même résonance ni les mêmes conséquences selon le point du globe où l'on se situe. Rada Akbar, en résidence à la Cité internationale des arts, en sait quelque chose, elle qui a déjà « exposé de façon anonyme à l'Institut français de Kaboul pour assurer sa sécurité et celle de sa famille » comme le relate Aline Pujo, la commissaire qui réunit dix artistes dans l'exposition « Féminin Pluriel » à l’Espace Commines du 25 au 28 novembre, et qui a dû fuir in extremis son pays en août 2021, alors que les talibans œuvraient à le faire basculer dans l'obscurité de la radicalité religieuse. Dans sa valise, l'artiste née en 1988 n'a pu emporter que quelques fichiers numériques de ses films et de ses photos, dont la série « Invisible Captivity » réalisée en 2013. L'identité de ces femmes, prisonnières de leurs burqas (symboles de l'oppression qui les rend invisibles), est réduite à des empreintes digitales qui effacent le visage de cette photographie. À la place des sillons, l'artiste a inscrit des formules talismaniques, le seul artifice dont disposent ces femmes pour espérer protéger leur vie.
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