L’incroyable « dynastie Francken » qui régna sur Anvers aux XVIe et XVIIe siècles compte treize peintres connus de leur temps, oubliés ensuite, que le musée de Flandre à Cassel sort de leur sommeil (jusqu'au 2 janvier 2022). Si aucun tableau n’atteste de l’activité du patriarche Nicolaes (vers 1520-1596), sa descendance fut prolixe jusqu’à Constantin (1661-1717) et la répétition des prénoms conduit à leur attribuer un chiffre d’ordre. À la troisième génération, Hans II (1581-1642) impose une personnalité hors normes. D’abord peintre d’église selon la tradition, il diversifie ensuite ses thématiques en s’orientant vers une clientèle de notables. Inventeur des singeries et des cabinets de curiosités, est aussi un Pictor doctus qui intellectualise savamment les scènes de sorcellerie et s’engage dans l’illustration des dogmes de la Contre-Réforme. L’Éternel Dilemme de l’homme : le choix entre le Vice et la Vertu (1633) est le chef-d’œuvre d’un corpus de 600 à 800 tableaux. Dans le voluptueux décor de la partie supérieure, sous l’apparence d’un berger, le prince troyen Pâris doit choisir entre Junon, Minerve et Vénus - choix qui déclenchera la guerre de Troie, tandis qu'un monde de créatures boschiennes occupe le plan inférieur. Le spectateur est confronté à son propre jugement…
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