Jaider Esbell a été retrouvé mort le 2 novembre chez lui, à São Paulo. Il faisait partie de la dizaine d’artistes autochtones exposant à la biennale de São Paulo depuis le mois de septembre (lire le QDA du 3 novembre). À 41 ans, Jaider Esbell était aussi un porte-parole de la cause indigène et un esprit fédérateur. « Les échanges avec lui ont été décisifs pour que les visiteurs découvrent cette “biennale des indigènes”, comme il l’appelait lui-même », racontent de concert les curateurs Jacopo Crivella Visconti et Paulo Miyada. Né en 1979 à Raposa Serra do Sol, terre de la nation Macuxi à la frontière avec la Guyane, dans l’État de Roraima, connue pour ses conflits fonciers, Jaider Esbell grandit avec les mouvements sociaux. À 18 ans, il quitte son village et travaille comme électricien. Il voyage à travers le Brésil et rencontre d’autres peuples autochtones, avant de se consacrer récemment à son art. Le Centre Pompidou venait d’acquérir deux de ses œuvres. En 2016, il avait remporté le prix PIPA, un des plus importants prix d'art contemporain au Brésil. Entités, deux imposants serpents multicolores, flotteront sur le lac du parc d’Ibirapuera à l’entrée de la biennale jusqu’au 5 décembre. Selon Jaider Esbell, ces œuvres colorées étaient avant tout politiques, destinées à attirer l’attention sur le changement climatique et l’urgence écologique.