Chez Henri Matisse (1869-1954), il y a un avant et un après la Corse. Débarqué en février 1898 sur les plages d'Ajaccio, le jeune peintre fraîchement marié quitte la Bretagne et ses camaïeux de gris pour passer l'hiver sur l'île de Beauté et parfaire son éducation artistique. Le pied à peine posé à terre, c'est le choc ! La Méditerranée rugit de nuances éclatantes. De bleu profond en rose fuchsia jusqu'à l'orange solaire, ici « tout brille, tout est couleur, tout est lumière », écrit Matisse, qui produira 55 tableaux pendant cette période particulièrement prolifique. Parmi la vingtaine d'œuvres jamais montrées est mise à l’honneur La mer en Corse, le Scoud, datée de 1898, dernière acquisition du musée de la Corse (242 100 euros) qui fait rentrer l'artiste dans les collections publiques. Alors qu'une nouvelle palette de couleurs se révèle, annonçant les prémices du fauvisme, Matisse s'affranchit des codes académiques. « C’est à Ajaccio que j’ai eu mon grand émerveillement pour le Sud que je ne connaissais pas encore. Bientôt me vint comme une révélation l’amour des matériaux pour eux-mêmes. Je sentis se développer en moi la passion de la couleur », disait Matisse. Une libération encore hésitante qui explosera véritablement lors de son voyage à Collioure en 1905.
« 1898, Matisse en Corse. Un pays merveilleux », au musée de la Corse à Corte, jusqu'au 30 décembre 2021.
Musée de la Corse