Pénétrer dans une œuvre de Cyril Lancelin revient à plonger dans un territoire hors du temps et de la réalité, dans un « paysage artificiel », comme il aime à le décrire. On perd pied. C'est que ses œuvres prennent racine dans la 3D et que l'artiste aime brouiller les pistes entre représentation virtuelle et création tangible. L'ancien architecte a été marqué par les conceptions utopistes développées dans les années 1960-1970 du collectif italien Superstudio, qui repense la façon d'habiter de façon radicale, tout en prenant en compte l'évolution des technologies, ou du britannique Archigram qui revendique des « villes vivantes », à la fois organiques et mécaniques. À partir de ces influences marquées du sceau de la SF, Cyril Lancelin développe une réflexion sur les matériaux pour donner corps à des structures complexes, le plus souvent monumentales, qu'il dépose aux quatres coins du monde, de Londres à Santiago en passant par Moscou, Beijing, Paris ou Dubaï. Elles ne sont cependant pas écrasantes, car il définit leur taille définitive en fonction de l'échelle humaine, pour qu'elles soient immersives et que le public puisse interagir, circuler à l'intérieur, mais aussi les traverser. Il n'est pas question de rester passif dans un face-à-face presque contemplatif comme l'invite à le faire une peinture, mais bien de la prendre d'assaut de façon presque iconoclaste, bien loin des interdictions de toucher des musées ! Pour Cyril Lancelin, l'art est vivant et s'expérimente, d'où cette gaieté, cette joie et ce plaisir qui s'en dégagent, des émotions suscitées aussi grâce aux couleurs, dont ce fameux rose.
La géométrie élémentaire
Les notions d'équilibre et de fragilité vont de pair avec celles d'éphémère et de subtilité. « J'utilise toujours des ''primitives'', c'est-à-dire que je commence avec des cubes, des cylindres, des pyramides, des sphères... J'additionne ces objets élémentaires pour créer des structures qui semblent simples, comme pour une de mes premières sculptures, une pyramide rose composée de sphères. Je me fixe des règles et je dessine toujours en fonction de ces règles. » Accumulations d'atomes ou constellations de planètes, on passe de l'infiniment petit à l'infiniment grand, ou peut-être fait-il se rejoindre ces deux dimensions. Loufoques ou surréelles, elles s'intègrent dans un espace urbain et invitent à poser un nouveau regard sur la ville.
Cyril Lancelin en 5 dates
1975. Naissance à Lyon, France
1999. Diplôme d'architecture à l’ENSA à Lyon
2016. Création de son studio Town and Concrete
2017. Installation Knot à Hangzhou, Chine
2021. Silver Pyramid & Blue Pyramid, Freeport Fashion Outlet, Lisbonne, Portugal (jusqu'au 19 novembre)