À l'entrée du musée Soulages de Rodez (Aveyron), l'Orgue à pets, un étrange instrument qui se déroule tel un intestin de verre depuis le postérieur d'un musicien, accueille les visiteurs. Si les œuvres du maître de l'outrenoir, Pierre Soulages (1919), célèbrent l'intériorité, celles de Gilles Barbier ressemblent davantage à une expectoration tonitruante du dedans. Né en 1965 au Vanuatu, l'artiste à l'humour rabelaisien, entre provocations potaches et sagesse philosophique, façonne depuis 25 ans un imaginaire hybride qui s'expose jusqu'au 26 septembre autour de cinq pièces majeures. Ces « machines de productions », conçues entre 1996 à 2020 – la Boîte noire, le Terrier, la Méga Maquette, les Soupes des gouaches inédites –, forment un ensemble éclectique entre sculptures, peintures et installations liées par un modus operandi qui confère le sentiment d'une création totale. Dans le monde de Gilles Barbier, le monumental côtoie l'infiniment petit, la science-fiction la littérature japonaise, et le grotesque invite à la réflexion. Une exposition volontairement « étourdissante et surprenante, pour célébrer la réouverture et marquer les esprits », explique Benoit Ducron, directeur du musée (né d'une donation par les époux Soulages de plus 250 œuvres en 2005) qui inaugure aussi le nouvel accrochage et éclairage de la collection permanente tout en célébrant le millionième visiteur depuis l'ouverture en 2014.
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