« On avait une liste de 92 artistes afghans à évacuer avec leur famille proche, soit environ 120 personnes. Il en reste aujourd'hui 22 en Afghanistan », affirme Maria-Carmela Mini, directrice artistique de Latitudes Contemporaines, festival lillois de spectacle vivant. Depuis fin juillet, et en collaboration notamment avec Joris Mathieu, directeur du centre dramatique national (CDN) de Lyon, et l'artiste afghane Kubra Khademi, elle assure un vrai travail de suivi humanitaire entre Kaboul et la France pour assurer que des artistes (toutes disciplines confondues) puissent fuir le pays livré aux talibans. « En particulier des femmes jeunes », particulièrement en danger, précise-t-elle. « L'action continue, même si personne ne sort, les liaisons aériennes restant coupées », ajoute la directrice, qui poursuit les négociations avec le Quai d'Orsay. En France, de nombreux lieux, en particulier des CDN, et plusieurs municipalités, se sont portés volontaires pour accueillir les artistes. « L'idée est d'accueillir ces personnes comme artistes invités et non réfugiés, précise Maria-Carmela Mini. Après quelques mois, ils pourront reprendre une activité. » Les artistes doivent cependant demander le statut de demandeurs d'asile auprès de l'OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration), selon un protocole précis et pour une durée minimum d'un an. C'est une des raisons pour laquelle les centres d'art, qui ont des capacités limitées pour les résidences, se sont encore peu manifestés pour les accueillir. « La directrice du Frac Champagne-Ardenne Marie Griffay nous a contactés, raconte Maria-Carmela Mini. Nous avons commencé par notre réseau art vivant, il faudrait des journées de 20 heures pour diffuser des alertes un peu partout... » Le message est lancé.