En ce jeudi 19 août, après un été doux, c'est le déluge sur Helsinki. Mais le ferry pour l'île de Vallisaari, malgré les éléments déchaînés, emmène sa cargaison de touristes courageux. Vêtus de cirés, ils vont parcourir les chemins balisés de l'ancienne base militaire, au cœur de l'archipel. Ses casemates trahissent sa fonction récemment révolue : jusqu'en 2016, le public était interdit d'accès. L'armée se console aujourd'hui en menant ses manœuvres depuis la toute proche Suomenlinna, envoyant ses hélicoptères d'attaque faire des figures acrobatiques, comme dans Apocalypse Now, sur des lagons aux faux airs tropicaux. Comment amener les visiteurs à 30 minutes du centre et leur faire redécouvrir cet espace à la fois sauvage et lourdement marqué par le plomb et les explosifs ? En 2018, la décision de créer une nouvelle biennale nordique a joué pour beaucoup dans cette stratégie de reconquête : donner un air sexy et international à un lieu longtemps inaccessible, inviter les artistes à concevoir de nouvelles fonctions pour les forts et les poudrières, se réapproprier un lieu chargé d'histoire. Ici se sont succédé les Suédois, alliés de Louis XIV, les Russes…
Helsinki, la biennale sur une île déserte
Dans le panorama déjà encombré des biennales, la capitale finlandaise vient de lancer la sienne avec pour maîtres mots : attention aux artistes locaux, réversibilité totale et respect de l'environnement.