Le Quotidien de l'Art

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Orient-Express pressing

Orient-Express pressing

Partir vers un lointain exotique, on en rêve tous. Mais l'exotisme a du plomb dans l'aile et la pandémie a compliqué les voyages les plus pittoresques. Heureusement, il y a toujours moyen de se réfugier dans les mythes, comme celui de l'Orient-Express, train d'un luxe inouï issu à la fin du XIXe siècle de l'imagination du Belge Georges Nagelmackers et qu'Agatha Christie fit entrer au panthéon de la littérature... Mais même les mythes sont fragiles et cette exposition, dans le cadre des Rencontres d'Arles, a quelque chose de miraculeux : il y a quelques années, au creux de la vague, les boîtes d'archives de la Compagnie internationale des wagons-lits, destinées à la benne, furent sauvées par des employés. Elles sont aujourd'hui protégées dans un fonds de dotation, sous l'égide des deux actionnaires (Accor à 51 % et la SNCF à 49 %). Soit 100 mètres de linéaire et quelque 6000 photos, qui décrivent l'envers du décor – le travail des blanchisseuses, les ateliers de réparation, les caves à vin, les modèles de matelas. Ou encore Eddie Constantine saluant depuis un décor de wagon à la fête foraine des Tuileries, ce qui dit la popularité du train. À étudier de près en attendant que la grande époque – bêtement révolue – des voyages de nuit soit remise sur les rails.

Article issu de l'édition N°2214