« C'est une œuvre très importante, qui n'a pas son équivalent dans les musées suisses par son grand format, sa monumentalité et son caractère expérimental (technique mixte avec un mélange de tempera et d'huile sur toile) », explique Sylvie Patry, directrice des collections au musée d'Orsay. La toile en question, toujours restée dans l'atelier de Cuno Amiet (1868-1961) jusqu'à son acquisition en 1999, est un immense paysage de neige où se distingue à peine la frêle silhouette d'un skieur. Œuvre majeure de la rétrospective sur les peintres suisses qui fait redécouvrir des auteurs comme Alice Bailly, Max Buri ou Ernest Biéler, elle a été restaurée pour l'occasion. Ce qui a nourri de nombreuses découvertes : « Les restauratrices, Laurence Mugniot et Laetitia Desvois, ont découvert qu'Amiet avait fait couler des gouttes verticalement, comme un dripping qui anime la surface. Au revers, ont été vues quelques grandes lignes – il avait manifestement commencé la toile de l'autre côté. Enfin, un couple de skieurs a été identifié en bas à gauche, que l'artiste a ensuite recouvert de peinture. » Un sacrifice qui pourrait traduire une crise dans son couple ? « Ils n'ont pas divorcé et l'on n'a pas d'écho sur un changement dans leurs relations. » La psychologie de comptoir a ses limites, mais il en reste une convaincante ode à la solitude...
« Modernités suisses » au musée d'Orsay, jusqu'au 25 juillet.
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