Dans un rapport publié le 15 juillet, la Cour des comptes alarme sur la situation catastrophique du patrimoine de l'Institut de France – qui regroupe l’Académie française et les Académies des sciences, des beaux-arts, des inscriptions et belles-lettres et des sciences morales et politiques. L'institution dirigée par Xavier Darcos aurait « laissé à l’abandon depuis plusieurs décennies » une partie des 18 sites ouverts au public en sa possession. « Personne morale de droit public à statut particulier » depuis 2006, l'Institut est autonome en matière de fonctionnement et de financement vis-à-vis de l'État, qui a cependant versé en début d'année une aide d’urgence de 4,5 millions d’euros au château de Chantilly, en faillite. Ne sont pas concernés par ces reproches le musée Marmottan-Monet, à Paris, ou Giverny, « entretenus et exploités de manière exemplaire ». En revanche la Villa Ephrussi de Rothschild a besoin d'« une intervention d’urgence », tandis que le domaine de Chaalis et le musée Jacquemart-André « présentent de nombreuses insuffisances dans leur gestion ». Selon le rapport, le montant des travaux nécessaires d’ici à 2024 s'élève à 63 millions d’euros, soit une « impasse de financement ». Les magistrats contestent « deux opérations de prestige » réalisées récemment : un auditorium de 350 places bâti au sein du Palais Conti, « dont l’entretien s’avère au-dessus de ses moyens », et l'achat d'un immeuble adjacent qui « nécessite de lourds travaux de remise aux normes », pour un coût total de 46 millions d’euros, « dont 25 millions à la charge de l’Institut ». Pourtant ses ressources sont importantes, avec notamment un portefeuille financier de près d'un milliard d'euros. Mais aucune des Académies, qui y sont pourtant logées, ne veut prendre en charge les travaux. La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a déclaré dans une lettre à la Cour des comptes qu'« apporter un soutien financier à l’Institut constituerait une dérogation considérable en termes de montant, qui risquerait de créer un précédent », et oriente l'institution vers le mécénat et des bâches publicitaires pour financer ses travaux.
Magali Lesauvage