À la fin des années 1980, un jeune entrepreneur, Daniel Vial, qui fera plus tard fortune dans le lobbying pharmaceutique, accompagne Pierre Cardin en Chine. L'un des objectifs de cette campagne de diplomatie culturelle : implanter la marque mais aussi lever des fonds pour restaurer une portion de la Grande Muraille. Pour faire le buzz dans un pays qui s'ouvre timidement aux pratiques capitalistes, une vente aux enchères est organisée avec des drapeaux peints par des artistes. Un tiers de siècle plus tard, le fac-similé de 20 de ces œuvres sur tissu (de 2 mètres sur 3), rassemblant aussi bien Hervé Di Rosa que Keith Haring, Erró que Kenny Scharf, Alighiero Boetti qu'Annette Messager, a été déployé, sous le commissariat de Jean-Christophe Claude, sur la promenade de Cabourg. Près de trois kilomètres de marche, la tête levée vers les mâts, pour l'une de ces renaissances périodiques de l'art de l'oriflamme : en 2018, Christian Boltanski avait convié ses pairs (dont Séchas, Othoniel ou Macha Makeïeff) à faire flotter leurs drapeaux sur le toit de la Power Station of Art de Shanghai lors d'une exposition de la Fondation Cartier ; la même année, Marina Abramović avait suscité l'ire de l'extrême-droite avec sa bannière pro-migrants pour la régate Barcolana de Trieste...
« L'art, c'est du vent », promenade Marcel-Proust à Cabourg, jusqu'au 19 septembre
cabourg.fr