L'heure est aux redécouvertes chez les maîtres anciens. Après Fragonard, qui a fait un record aux enchères (voir QDA du 28 juin), après une Adoration des Mages de Rembrandt (annoncée la semaine dernière lors d'un colloque à la Villa Médicis), c'est au tour de Vélasquez de rejoindre potentiellement le club. Une exposition autour du chef-d'œuvre du musée d'Orléans, un Saint Thomas (identifié par Roberto Longhi en 1920 et l'une des deux seules œuvres du maître espagnol sur le territoire français) a apporté son lot de révélations. « Nous savons que ce Saint Thomas fait partie d'une série sur les apôtres ou "apostolado", explique Guillaume Kientz, directeur de l'Hispanic Society de New York, associé au commissaire Corentin Dury et lui-même auteur d'une rétrospective Vélasquez au Grand Palais en 2015. Mais sur un ensemble qui peut compter jusqu'à 14 portraits, avec le Christ et la Vierge, nous n'en connaissons avec certitude que trois, ce Saint Thomas, le Saint Paul du MNAC de Barcelone et une tête d'apôtre barbu du musée de Séville. » L'exposition, qui tente de jeter la lumière sur la jeunesse encore très nébuleuse de Vélasquez (jusqu'en 1623, lorsque, âgé de 24 ans, il quitte Séville), y confronte également un éventuel Saint Philippe provenant de la collection Jonathan Ruffer à Londres et une grande nouveauté, un possible Saint Simon exposé à partir de demain. « La tenue de l'exposition a favorisé l'échange d'informations. Un collectionneur m'a envoyé une photo d'un tableau très proche, avec le même cadrage. » Les spécialistes sont invités à se prononcer mais Guillaume Kientz émet déjà l'hypothèse d'une attribution à Vélasquez dans un article à paraître dans la revue espagnole Ars. De l'intérêt des expositions pour faire avancer la recherche...
« Dans la poussière de Séville. Sur les traces du Saint Thomas de Vélasquez » au musée des Beaux-Arts d'Orléans, jusqu'au 14 novembre.
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