Saint-Malo abandonne son projet d'histoire maritime

Il aurait dû ouvrir ses portes en 2022. Mais le Musée d'histoire maritime de Saint-Malo ne verra pas le jour : le 8 juin, lors d'une conférence de presse, le maire, Gilles Lurton (Les Républicains), a fait savoir que la ville interrompait le projet. En cause : le dépassement budgétaire dans la procédure d'appel d'offres. Arrivée en 2018 à la direction du projet, l'ancienne administratrice générale du Louvre-Lens Catherine Ferrar se souvient : « La ville avait lancé un concours d'architecture en 2017 avec un budget pour la construction du bâtiment de 12,7 millions d'euros. Nous avons reçu 130 candidatures et le projet de l'architecte japonais Kengo Kuma avait été retenu. Les travaux d'études et d'esquisses s'enchaînent puis il est établi que les plans de construction n'entrent pas dans le bugdet prévu. » S'ensuit une première phase de négociation avec le maire de 2014 à 2020, Claude Renoult (Centre droit, sans étiquette) : un budget de construction de 15 millions d'euros est finalement arrêté et un appel d'offres lancé. « À l'ouverture des plis, nous nous sommes rendus compte qu'un des lots n'avait pas d'offres, témoigne Catherine Ferrar. Les petites entreprises nous ont dit que le budget était trop conséquent pour elles, tandis que les grosses le trouvaient trop petit. Nous avons donc rendu l'appel d'offres infructueux. » Après des mois de travail pour tenter d'attirer de plus grosses entreprises, un autre appel d'offres est lancé en mars 2020. Il est rapidement retiré : le premier confinement est annoncé par Emmanuel Macron le 17 mars et aucune entreprise ne retire le dossier du projet. Quelques mois plus tard, en novembre 2020, c'est fraîchement élu que Gilles Lurton lance une troisième procédure d'appel d'offres. Le budget de construction du bâtiment passe alors à 18 millions d'euros (hors taxes comme les précédents). Mais si le 2 avril, à l'ouverture des plis, tous les lots reçoivent une offre, le budget augmente encore et passe de 18 à 21 millions d'euros. « Gilles Lurton a bloqué », raconte Catherine Ferrar. Pour le maire, ces appels d'offres successifs ont engendré des dépassements budgétaires d'une trop grande ampleur. Par ailleurs, il semblerait qu'il souhaite travailler sur un autre projet culturel au cours de ce mandat. De son côté, Catherine Ferrar trouve « dommage et triste » que ce musée ne puisse pas voir le jour, d'autant que selon elle, « la ville de Saint-Malo en a vraiment besoin ».