Quelque 2 millions d'euros pour les acquisitions chaque année : voilà qui est bien maigre et qui, au vu des prix actuels du marché, n'aurait certainement pas permis d'accumuler les 120 000 œuvres que possède aujourd'hui le musée national d'Art moderne (MNAM). Chacun des directeurs successifs y a apporté sa touche. Pour Bernard Blistène, né en 1955, un compagnonnage de près de 40 ans avec l'institution a fait du Centre Pompidou le pivot de sa carrière. Il y est entré sous Dominique Bozo en 1983, puis est parti aux musées de Marseille (1990-1996), est revenu de 1996 à 2002 (directeur adjoint du MNAM), a fait un passage à la Direction des arts plastiques et au Palais de Tokyo avant de revenir en 2009 en tant que patron du développement culturel, puis, à partir de 2013, comme directeur du musée. À partir des crédits d'acquisition budgétés, il aurait disposé d'une quinzaine de millions d'euros – ce qui lui aurait permis d'acheter en 8 ans un beau Joan Mitchell – et c'est à peu près tout... « Ce montant est très théorique, modère-t-il. La politique d'acquisition peut s'appuyer sur bien d'autres procédures. Il y a par exemple le Fonds du patrimoine, qui peut venir en appui d'un achat et en couvrir la moitié. Il y a l'aide des mécènes comme la fondation Carlsberg, qui a récemment permis l'entrée d'œuvres d'Asger Jorn ou de Sonja Ferlov-Mancoba, ou Chanel, qui donne 500 000 euros pour l'achat d'œuvres d'artistes femmes. Il y a aussi l'action de plus en plus décisive des Amis du Centre Pompidou, qui ont multiplié leur dotation par cinq en quelques années. Il y a évidemment les donations par les artistes eux-mêmes, les galeristes, les collectionneurs. Et enfin la dation, un mécanisme très efficace en France, qu'une personne peut d'ailleurs activer de son…
Blistène parachève son mandat avec la donation Decharme d'art brut
Le directeur du musée national d'Art moderne, Bernard Blistène, quitte son poste à la fin du mois après 8 ans aux commandes. Il y a effectué un important travail d'enrichissement que vient couronner l'entrée spectaculaire de l'art brut dans les collections.