Les entreprises de restauration du patrimoine sont à l’unisson : les carnets de commandes débordent et l’activité connaît un essor sans précédent. Au Louvre, de nombreux chantiers de maintenance, d’ordinaire cantonnés aux mardis de fermeture ou aux nuits, ont été programmés grâce à la fermeture. Malgré des pertes de revenus drastiques, les monuments nationaux accélèrent leurs chantiers grâce au plan de relance. Le Centre des monuments nationaux (CMN) a engagé par exemple 14 chantiers en 2021 (palais du Tau à Reims, Cité de Carcassonne, château d’Angers…) grâce à sa dotation exceptionnelle de 40 millions d’euros. Au cœur d’un schéma directeur de 150 millions d’euros, le domaine de Fontainebleau avance d’un an, pour 2022, la réfection de l’étanchéité du Grand Canal et la rénovation des systèmes hydrauliques du parc.
Le plan de relance n’est pas la seule explication. Alors que seuls 6 % de ses crédits pour le patrimoine iront aux collectivités territoriales et aux propriétaires privés, ceux-ci n'y vont pas de main morte en matière de chantiers patrimoniaux. Partout, les collectivités maintiennent ou lancent des travaux de restauration. Il faut reconnaître que contre toute attente, leurs finances ont mieux résisté que celles de l’État, comme l’expliquait le ministre du Budget le 18 mai à l’Assemblée. « Leur solde est quasiment à l’équilibre fin 2020 quand l’État est en déficit de 7,9 % du PIB », a rassuré Olivier Dussopt. À Poitiers, le conseil municipal de mars a acté une salve de travaux sur les Arènes romaines, l’hypogée, et quatre églises. À Blois, Maxime Blot, chef de projet mécénat et partenariats, se félicite du dynamisme de la municipalité : « Non seulement les travaux ont été maintenus grâce au soutien de nos mécènes mais des projets pour le château sont programmés pour 2022. Ces investissements sont primordiaux pour développer l’attrait touristique de la ville. » « L’importante communication sur le patrimoine ces dernières années a fait prendre conscience de son importance aux yeux des municipalités, analyse Pierre Possémé, délégué…