« Cette femme pourrait dormir dans l'eau »... Tel était le titre à l'accent surréaliste, tout de vitalité et de poésie, de l'exposition organisée en 2017 au CAC Brétigny autour de la figure de Valentine Schlegel. Sculptrice et céramiste, homosexuelle et féministe, celle-ci est décédée le 16 mai à 96 ans, trois mois à peine après celle qui fut sa compagne, la conservatrice Yvonne Brunhammer. L'artiste a récemment été remise à l'honneur grâce à la jeune artiste Hélène Bertin, commissaire de l'exposition de Brétigny qui lui a également consacré une monographie (Je dors, je travaille) en 2017 et une seconde exposition (« Tu m'accompagneras à la plage ? ») en 2019 au CRAC de Sète – sa ville natale, où Valentine Schlegel fréquentait tant les pêcheurs que les gardians. Cette figure de liberté aux multiples talents a particulièrement illustré le mariage glorieux de l'art et la vie. Concevant des intérieurs (plus spécifiquement des cheminées) aux contours organiques, celle qui fut d'abord accessoiriste, costumière et créatrice de décors chez Jean Vilar, a été également, dès 1954, une longue compagne de route d'Agnès Varda. Ses céramiques et ses réalisations en plâtre pour l'espace domestique, véritables paysages mouvants qui semblent comme le prolongement de son propre corps, aménagent des plis et replis enveloppant, animés, des sculptures à vivre. Aujourd'hui, c'est toute une génération d'artistes qui se tourne vers son travail, vibrant d'énergie vitale, et son mot d'ordre : créer ses propres conditions de vie.