Avant que la crise sanitaire ne mette une chape de plomb sur la vie culturelle et ne ralentisse les activités du Mobilier National, l’institution publique fondée par Colbert il y a 300 ans était traversée de vents contraires. Héritier du Garde-Meuble de la Couronne, le Mobilier National (dont dépendent les Manufactures des Gobelins, de Beauvais, de la Savonnerie à Paris et Lodève, ainsi que les Ateliers de dentelle de Puy-en-Velay et d’Alençon) pourvoit à l’ameublement des hauts lieux de l’État depuis trois siècles. Ses quelque 350 salariés assurent la conservation et la restauration des 130 000 objets stockés dans ses réserves. On y rencontre des ébénistes, des lissiers, des dentelliers, des tapissiers ou encore des bronziers… Des métiers d’art rares et autant de savoir-faire qui, sans le Mobilier National, se seraient en partie évanouis avec le temps. Pourtant, en 2019, les conclusions du rapport annuel de la Cour des comptes étrillaient l’institution publique, dénonçant alors sa « configuration propice à l’immobilisme » ainsi qu’un « statut inadapté à la conduite du changement » car « peu favorable à l’inscription de ses activités dans une dynamique de recherche de performance et d’efficacité économique ».
Débats statutaires
Dans une enquête publiée dans la Revue du Crieur en mars dernier, la journaliste Ève Charrin rappelait que le gouvernement avait rapidement pris acte de ce diagnostic en nommant auprès de l’actuel directeur de l’établissement, Hervé Lemoine, une membre du Conseil d’État, Emmanuelle Petitdemange. Elle y a d’abord œuvré comme responsable du projet de la transformation statutaire puis en tant que secrétaire générale. Actuellement sous le statut d’administration centrale de l’État (service à compétence nationale), le Mobilier National devrait ainsi devenir un établissement public administratif. Reconduit cette année à son poste pour trois ans, Hervé Lemoine affirme que ce statut est celui de « la plupart des…