C’est au cœur des Grisons, dans les Alpes suisses, que nous emmène l’exposition du Palais Lumière d’Evian, d’où l’on aperçoit, de l’autre côté du lac Léman, les cimes qui ont inspiré une génération de peintres suisses à l’aube du XXe siècle. Le premier à gravir la montagne du Schafberg avec sa luge et ses toiles est l’Italien Giovanni Segantini. Qu’il vente ou qu’il neige, à plus de 2000 mètres d’altitude, sa touche divisionniste fait vibrer la lumière. En 1894, il se lie avec la famille Giacometti, implantée dans ce val silencieux, dont le fils, Giovanni, suit ses traces. De la même manière que Ferdinand Hodler devient la figure tutélaire de Cuno Amiet. Ces quatre artistes fertilisent ces paysages au point que leur filiation s’esquisse dans les œuvres d’artistes contemporains montrés dans l’exposition, mais aussi, plus directement, chez Alberto Giacometti, dont les Trois hommes qui marchent sont peut-être les silhouettes de son père Giovanni, accompagné d’Hodler et d’Amiet. C’est ce qu’aime à penser Corsin Vogel, co-commissaire de cette émouvante exposition, lui aussi originaire des Grisons.
« La Montagne fertile. Les Giacometti, Segantini, Amiet, Hodler et leur héritage », jusqu’au 30 mai au Palais Lumière, Evian.
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