L'affaire avait éclaté en 2012, lorsque le Los Angeles Times avait révélé l'existence des dénommés « dossiers de la perversion », documents internes compilant les noms d'agresseurs et victimes présumés de l'organisation depuis les années 1940. Le constat fait froid dans le dos : pendant des décennies, l'organisation des Boy Scouts of America (BSA) aurait été le théâtre de crimes sexuels envers des mineurs, menés principalement par des moniteurs bénévoles. Un audit interne a permis d'identifier 7819 agresseurs et les 12 254 victimes concernées par les faits, intervenus entre 1944 à 2016 – auxquels il faut depuis ajouter de nouvelles accusations (environ 90 000 au total). Confrontée à une dette colossale, l'organisation a déposé le bilan le 18 février 2020 et a annoncé qu'elle créait un fonds d’indemnisation à destination de ses victimes. Afin de récolter les fonds visés (300 millions de dollars), l’organisation s’apprête à faire un « deaccessioning » de sa collection d'art, estimée à environ 130 millions de dollars et dotée de 350 pièces centrées sur la thématique du scoutisme – de Walt Disney à J.C. Leyendecker – en commençant par Norman Rockwell (1894-1978), dont elle possède 65 peintures.
Du low au high art
Que de nombreux Rockwell aient atterri chez les scouts ne relève évidemment pas de la coïncidence. L’artiste a travaillé pour les BSA…